Les livres, un bain de mot pour le langage des enfants
Avez-vous entendu parlé de ces études qui circulent sur le langage et le nombre de mots que possèderaient les jeunes Français ? Il semblerait que ce nombre de mots soit en chute libre depuis 20 ans inquiétant certains spécialistes car, quand les mots manquent pour se faire comprendre, il ne reste alors que les poings pour s’imposer. Soit.
Mon tempérament résolument optimiste (merci à ma famille) m’empêche d’être alarmiste mais je dois avouer que je ne peux m’empêcher de saisir ce type d’occasion pour clamer haut et fort : vive les livres pour enfants alors !
Le livre, outil de langage par excellence
Quand on me demande à quoi sert de lire auxet avec, si ce n’est pour leur apprendre à lire, je réponds volontiers, outre le bonheur de se découvrir l’un l’autre, et d’être dans la construction d’une relation longue durée, que ça sert aussi à apprendre à parler, à nommer l’autre et le monde en général donc à le concevoir ! Lors d’une conférence proposée par Evelio Cabrejo Parra Psycholinguiste, vice-président d’A.C.C.E.S., j’ai réalisé qu’effectivement, on apprend à compter et on apprend à lire à l’école mais l’enfant (excepté s’il souffre d’une pathologie spécifique) apprend à parler entre 0 et 5 ans dans son environnement, sans professeur, « naturellement ».Le défi cognitif est considérable, l’importance du bain langagier et le rôle des figures parentales dans cette transmission évidente.
Des histoires, des images qui rapprochent parents et enfants
Alors, j’aime vous imaginer le livre dans les mains, le bébé ou l’enfant dans les bras, cette posture formant un cocon doux et chaud où il fait bon se lover. Il y a de la proximité et pourtant suffisamment de distance pour percevoir progressivement que jeest autre. Les histoires nous touchent, déclenchent des réactions, font éventuellement référence mais ce n’est pas tout à fait entièrement les nôtres, et surtout on s’en éloigne librement, dès que l’on veut, en fermant le livre. Quant à l’iconographie des albums jeunesse, elle permet aux tout-petits de nommer une fraise, de la différencier entre tous les fruits puis de la reconnaître juste à sa forme et sans sa couleur rouge avant même de l’avoir trouvée dans son assiette. Génial !
Et s’il ou elle se tortille pour échapper à ce cocon, s’il ou elle s’endort ? Qu’importe, ce n’est pas le moment, ce n’est pas son moment comme parfois ce n’est pas le vôtre ! Le bain langagier ne se résume pas qu’aux livres, même si je l’avoue, ce bain-là a des couleurs exotiques qui ouvrent des horizons sans fin. Irréductible je reste, comme vous, je l’espère !
Bien à vous,
Nathalie Le Breton